Il était une fois, à Saint-Laurent-du-Maroni, une jeune fille que tout le monde appelait le Petit Chaperon Rouge, à cause de son joli pagne rouge offert par sa grand-mère. Un jour, sa mère lui dit :
Ma chérie, ta grand-mère est malade. Peux-tu lui apporter ce panier avec du bouillon d’awara, du couac et des bananes pesées ? Mais fais attention en traversant le fleuve Maroni.
Le Petit Chaperon Rouge accepta avec enthousiasme et se mit en route vers la pirogue pour traverser le fleuve jusqu'à la case de sa grand-mère.
En pagayant sur le fleuve, elle aperçut un énorme caïman noir aux yeux brillants qui émergeait de l'eau. Le caïman, avec une voix douce mais trompeuse, l'interpella :
Bonjour, petite. Où vas-tu ainsi ?
Je vais chez ma grand-mère pour lui apporter ce panier de nourriture, répondit-elle innocemment.
Le caïman, voyant une opportunité, proposa :
Je connais un raccourci sous l'eau pour rejoindre ta grand-mère. Laisse-moi t'aider.
Avant qu'elle ne puisse répondre, le caïman plongea et disparut dans les profondeurs du fleuve.
Pendant ce temps, la grand-mère était allongée dans son hamac, se reposant. Soudain, elle entendit un bruit à sa porte.
Qui est là ? demanda-t-elle.
C'est moi, le Petit Chaperon Rouge, répondit le caïman en imitant la voix de la fillette.
La grand-mère, sans se méfier, ouvrit la porte. Le caïman bondit et l'avala en une bouchée. Il enfila ensuite les vêtements de la grand-mère et se glissa dans le hamac, attendant patiemment l'arrivée du Petit Chaperon Rouge.
Peu de temps après, le Petit Chaperon Rouge arriva à la case et frappa à la porte.
Qui est là ? demanda le caïman en essayant de masquer sa voix grave.
C'est moi, le Petit Chaperon Rouge, avec un panier de nourriture pour toi, grand-mère.
Entre, ma chérie, la porte est ouverte, répondit le caïman.
En entrant, le Petit Chaperon Rouge remarqua quelque chose d'étrange chez sa "grand-mère".
Grand-mère, pourquoi as-tu la peau si rugueuse ?
C'est à cause de l'âge, ma petite, répondit le caïman.
Et pourquoi as-tu des yeux si brillants ?
C'est pour mieux te voir, mon enfant, dit-il en se léchant les babines.
Soudain, le Petit Chaperon Rouge réalisa que ce n'était pas sa grand-mère, mais le caïman du fleuve. Elle se souvint alors du piment rouge écrasé que sa mère avait mis dans le panier. Rapidement, elle saisit le piment et le jeta au visage du caïman.
Le caïman hurla de douleur, ses yeux brûlant à cause du piment. Il se débattit et finit par s'enfuir de la case, retournant dans le fleuve pour apaiser la brûlure.
Après la fuite du caïman, le Petit Chaperon Rouge entendit un bruit venant du grand coffre de la chambre. Elle l'ouvrit et découvrit sa grand-mère, saine et sauve, qui s'était cachée en entendant le caïman.
Elles se sont serrées dans les,heureuses d'être ensemble et en sécurité.